A partir de ce mardi 11 octobre, et pour quelques jours, ce blog se focalisera sur une thématique particulière : le Slam, poésie urbaine, dans les rues de Bruxelles.

Généralement dans les bars, les cafés ou encore les centres culturels, le Slam s'invite parfois dans les rues de la capitale. Et lorsque les 'poètes des temps modernes' en font leur terrain de jeu, ils s'adonnent à une pratique à part entière : le Slam sauvage...

5 septembre 2011

Portrait : Youness, l'étoile du Slam

Youness Mernissi est le représentant belge du slam. Le poète bruxellois a récemment décroché la quatrième place à la Coupe du monde.
©lalibre.be

Youness Mernissi, 28 ans, a étudié le journalisme à l’Université libre de Bruxelles. Et ses activités professionnelles, il les sélectionne idéalement en fonction de la possibilité de rédiger. Parce que sa passion, c’est l’écriture. Il aimerait s’y consacrer pleinement, ainsi qu’au slam, sa véritable exaltation.
Cette poésie orale, apparue en 1986 à Chicago sous l’impulsion de Marc Smith, un ouvrier en bâtiment, est aujourd’hui présente aux quatre coins du globe. Son objectif ? Rendre la poésie au peuple.

En Belgique, c’est sous les traits de Youness Mernissi que la discipline s’exporte à travers le monde. Mais le Bruxellois n’a pas toujours été slameur : "J’écris depuis très longtemps. C’était destiné à pouvoir mettre ma peine sur le papier, à être mon journal intime. Mes textes s’empilaient et je ne savais pas comment les dire. Le rap, c’était trop réducteur, et je savais que mes textes pouvaient faire autre chose", explique-t-il.

Un jour, le poète rencontre le slam et réalise que c’est exactement ce qu’il veut faire. Après avoir pris du recul par rapport au contenu de ses textes, Youness les confronte au public. C’est ainsi qu’en 2007, il a créé "Slam’fait plaisir", un spectacle où il entrecoupe ses textes d’interludes.

C’est à Bruxelles, en 2001, que les premières scènes slam apparaissent en Belgique. Ce sera d’ailleurs sur l’une d’elles, au Théâtre de la Vie, que le parcours artistique de Youness Mernissi prendra un fameux virage. Fondé en 1971, ce petit théâtre organise des soirées slam depuis 2008. "Slam à la Vie", la scène dédiée à ces soirées, réunit un large public chaque deuxième lundi du mois, d’octobre à juin. En octobre 2010, le Théâtre de la Vie organise les sélections bruxelloises de slam, dans le cadre du tournoi national. Youness est l’un des deux candidats sélectionnés pour ce tournoi, qu’il remporte un mois plus tard. Sa victoire lui permet de se qualifier pour le championnat d’Europe à Reims, où il termine dans le trio de tête. Cette nouvelle performance le propulse ensuite à Paris pour la Coupe du monde en juin dernier. Il y décroche la quatrième place.
L’artiste belge ne s’attendait pas à obtenir un tel succès, mais tente néanmoins de comprendre son résultat : "J’avais tellement envie d’arriver en finale qu’après la demi-finale, je n’avais plus de pression. Je n’étais plus capable de faire quoi que ce soit. Quand j’étais sur scène, je n’avais plus la même rage et la même peur, celle qui te porte dans ces moments-là."

[extrait audio de la Coupe du Monde - à venir]

Mais le représentant belge garde néanmoins des étoiles dans les yeux lorsqu’on lui rappelle ses exploits internationaux. "Les championnats de Belgique, d’Europe et du Monde m’ont permis de comprendre que des gens aiment potentiellement ce que je fais, et ça me donne envie de le montrer au plus grand nombre", avoue-t-il. Plusieurs personnes, convaincues de son potentiel, ont en effet encouragé l’artiste belge à se consacrer exclusivement au slam. Mais comme il le souligne, on ne peut pas vivre de cette discipline. En tout cas, pas en Belgique. Le poète a dans l’idée de monter un spectacle où se mélangeraient par exemple le jeu, le texte ou le chant, afin de viser plus large. Youness espère qu’une opportunité s’offrira à lui pour qu’il puisse un jour, ici ou ailleurs, vivre de sa passion.